Les accords d’Évian sont le résultat de négociations entre les représentants du Gouvernement de la République française et du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) pour mettre fin à la guerre d'Algérie. Ces accords, secrètement négociés les semaines précédentes aux Rousses1,2, près de la frontière suisse, sont signés le à l'hôtel du parc, à Évian-les-Bains (en Haute-Savoie, France) et se traduisent dans l'immédiat par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien dès le lendemain à midi. Ils sont ratifiés, côté français, par le référendum du 8 avril 1962 organisé en France métropolitaine, donnant au gouvernement par 91 % des votes les pleins pouvoirs pour appliquer les accords, et côté algérien, par le référendum d'autodétermination du 3,4.
Ces accords mettent fin officiellement à sept années et cinq mois de guerre, ayant opposé environ 130 000 combattants algériens à 400 000 combattants français et ayant causé la mort de 250 000 à 400 000 Algériens (jusqu'à un million et demi selon l'État algérien), 28 500 soldats français, 30 000 à 90 000 harkis, 4 000 à 6 000 civils européens (ainsi qu'environ 65 000 blessés).
La signature des accords d'Évian, que l'historien Guy Pervillé désigne comme une « utopie juridique »5, marque le début du processus de sortie de guerre : arrêt des hostilités entre les autorités officielles des deux pays (VeRépublique française et GPRA), mais, dans « le no man's land chronologique de la transition, entre le cessez-le-feu et le référendum »6, départ massif des Français d'Algérie7 et poursuite des violences plusieurs mois sur le terrain par d'autres acteurs8, principalement l'OAS9,10, qui voulait saboter les accords ou pratiquer la politique de la « terre brûlée » pour rendre l'Algérie à son état de 183011, ainsi que certains groupes armés algériens (du banditisme ou issus de l'ALN, notamment les « marsiens »)8 contre une partie des pieds-noirs et des harkis, en réaction à l'OAS (réactions qui dépassent « par leur ampleur le stade des représailles »12). Après l'indépendance, ce fut le tour d'une guerre civile algérienne qui se termina en septembre 19636.
Dénomination
Les accords d’Évian ont été publiés du côté algérien dans le journal El Moudjahid du , date du cessez-le feu, et du côté français au Journal officiel du sous le titre : Déclarations gouvernementales du 19 mars 1962 relatives à l'Algérie13.Contexte historique
Au déclenchement de la guerre d'indépendance, le , les revendications algériennes exigeaient du gouvernement français l'ouverture de négociations entre les deux parties, sans conditions préalables, en vue de l'indépendance de l'Algérie. La réponse de François Mitterrand, à l'époque ministre de l'Intérieur, fut résumée ainsi par la presse : « La seule négociation, c'est la guerre ! »14,15.
Pourtant la position française s'infléchit et les premiers contacts entre les représentants du FLN et le gouvernement français (comme révélé par le FLN à l'ONU) datent de 1956, mais ils furent coupés par la suite du détournement de l'avion marocain transportant cinq dirigeants de la Révolution algérienne14,16,17, le .
Les contacts finirent cependant par reprendre : fin 1956, en juillet et , au printemps 1958, mais une fois de plus ils furent coupés avec la chute de la Quatrième République et le retour de Charles de Gaulle au pouvoir.
Pour plusieurs raisons (en particulier l'internationalisation de la question algérienne), de Gaulle dut fléchir par petites étapes sa politique. Arrivé au pouvoir pour sauver « l'Algérie française », il commence par admettre le le principe de l'autodétermination pour l'Algérie ; le , il parle de « l'Algérie algérienne » tout en démarrant (du 25 au ) des pourparlers avec le FLN à Melun qui sont finalement un échec ; et c'est « la République algérienne » qu'il évoque le , tout en reconnaissant le FLN comme interlocuteur valable.
Le a lieu en France et en Algérie le référendum sur le principe de l'autodétermination de l'Algérie. Dès le lendemain, la France renoue contact avec le FLN, par l'intermédiaire du diplomate suisse Olivier Long (en) et du représentant algérien à Rome, Tayeb Boulahrouf.
Deux rencontres entre les négociateurs français et algériens eurent lieu en 1961 d'abord à Évian (20 mai-13 juin) puis à Lugrin (20 au 28 juillet). Prévues au départ le , elles ne commencent que le , après un report à la demande des Algériens ; le président de leur délégation Belkacem Krim venant de subir une importante intervention chirurgicale. Le président de la délégation française est Louis Joxe et le vice-président, Roland Cadet18 Pour les accords d'Évian le Roland Cadet ne fait plus partie de la délégation française.
Négociateurs
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