Dans un contexte où les maquis de l'intérieur ont été durement éprouvés, Si Salah responsable par intérim de la wilaya IV, depuis mai 1959, décide, en tant que responsable d'ouvrir des négociations directes avec les autorités françaises. Les dernières opérations ont fait perdre à la wilaya IV plus de 50 % de son armement et 45 % de ses effectifs. Elle compte encore 2 500 hommes environ. Si Salah, a fait un voyage en Tunisie d'où il est revenu « écœuré des intrigues, qui occupent les dirigeants du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) à Tunis, beaucoup plus que le sort des maquisards ».
En juillet 1959, il souligne la « désaffection des populations pour la cause ». Dans ce contexte, l'offre de la « Paix des Braves » présentée le 21 octobre 1958 par le chef de l'État, le général De Gaulle, puis le discours du 16 septembre 1959, qui ouvre la voie à l'autodétermination de l'Algérie, recueillent un écho favorable parmi les maquisards.
Le 10 juin 1960, il se rend secrètement à l'Élysée et négocie directement avec le général de Gaulle un possible cessez-le-feu. Selon Bernard Tricot, témoin direct de la scène « Le général résume ses propositions publiques sur l'autodétermination. Mais, dit-il, il faut d'abord mettre fin aux combats. Le cessez-le-feu peut être conclu dans des conditions honorables pour chacun. Les combattants rappellent qu'ils ne veulent pas apparaître comme des faux-frères ; ils se rendent bien compte qu'ils ne pourront pas entraîner d'un seul coup toute l'ALN d'Algérie, mais ils voudraient du moins que le cessez-feu partiel soit aussi large que possible. À cette fin, ils désirent pouvoir prendre contact avec la wilaya III en Kabylie ; ils demandent en outre qu'on leur facilite le voyage à Tunis, afin qu'ils puissent mettre le GPRA en face de ses responsabilités. »
Un an plus tard, Si Salah, convoqué par le GPRA, se rendait en Tunisie, avec une faible escorte. Il sera tué le 20 juillet 1961 sur le chemin dans une embuscade tendue par un commando de chasse de l'armée française à Maillot, dans la région de Bouira (Kabylie). Ses derniers mots seront : « De Gaulle nous a trahis. C'est lui le responsable de mon sort132,133.
Certains officiers français en vaudront beaucoup au général de Gaulle de n'avoir pas su utiliser cette occasion avec Si Salah pour engager des négociations avec les combattants de l'ALN de l'intérieur (et qui s'opposaient au GPRA basé en Tunisie). Cette « affaire Si Salah » sera l'une des causes du putsch contre de Gaulle en avril 1961133.
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