Communauté musulmane durant la guerre

Pour empêcher les populations d'aider le FLN, l'armée concentre, selon le rapport Rocard de 1959, un million de civils (dont la moitié d'enfants) des zones rurales dans des « camps de regroupement »172. En février 1959Michel Rocard, élève à l'ENA et en stage en Algérie, adresse un rapport sur les camps de regroupement à un proche de Paul Delouvrier, délégué général en Algérie. Le 31 mars, ce dernier donne l'ordre aux autorités militaires de suspendre les regroupements, et de concentrer les moyens sur l'amélioration des camps existants. Cet ordre sera assez mollement suivi. L'existence des camps de regroupement et leur état est en général ignoré de la population métropolitaine, jusqu'au 22 juillet 1959, où Le Figaro fait la une avec un reportage de Pierre Macaigne qui scandalise les lecteurs. Une campagne d'opinion se lance. La comparaison avec les camps de concentration est évoquée.
L'armée bombarde massivement au napalm et aux bombes incendiaires des villages et des hameaux dans les Aurès afin de mater la rébellion Chaouis173,174.
De son côté, le FLN a recours aux attentats ciblés, aux assassinats et aux massacres de rivaux notamment du MNA175,176.
Après l'indépendance, l'Armée française refuse d'intervenir pour assurer la sécurité de ses supplétifs musulmans, tout comme elle n'intervient pas le 5 juillet 1962 à Oran pour protéger les Européens177,178.
Entre 15 000 et 150 000 harkis auraient été massacrés par le FLN179,180 et 30 000 harkis se réfugient en France où ils sont parqués dans des camps d'internement sur ordre du gouvernement. En suivant les travaux d'autres historiens, le chiffre varie entre 15 000 et 50 000 sans toutefois parvenir à une estimation réelle, vu que le problème a pris une tournure idéologique partisane marquée par les passions, notamment en France.
« […] Il est possible que le général de Gaulle, dans une vue panoramique du monde, ait estimé qu'il était superflu de ramener en France plus de trois mille harkis. Le Conseil des ministres avait en effet déclaré : on en ramènera trente mille. Et au Conseil des ministres suivant on s'est aperçu que trente mille harkis ou maghaznis, cela faisait trois cent mille personnes, parce qu'il fallait compter avec la femme, la mère et les enfants! A peu près dix personnes par harki ou par moghazni. Alors M. Louis Joxe a tranché, et avec son air toujours un peu excédé, et sa courtoisie lassée, il a dit: « Réduisons à trois mille. » Il en est revenu quatre mille cing cents, parce que la marine présente cette particularité exceptionnelle d'avoir des bateaux pour transporter et des traditions à respecter181. »

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