Contrôle de l'information par l'État (1954-1962)

La Radiodiffusion-télévision française (RTF), unique organisme audiovisuel français, est composée de cinq chaînes de radio et deux chaînes de télévision. Elle est placée sous le contrôle direct de l'État, conformément à l'ordonnance de 1945 sur le monopole d'État sur les ondes nationales. En conséquence, l'Élysée contrôle entièrement l'information et s'arroge le droit de censure, la métropole ne perçoit les événements d'Algérie que par le prisme de l'État.
En Algérie, la presse écrite, aux mains du capital des grands propriétaires terriens, publie chaque jour tout le long du conflit des unes dans lesquelles l'information s'apparente plus aux communiqués de la victoire en usage dans les dictatures totalitaires [réf. nécessaire] et où les victimes civiles musulmanes étaient systématiquement assimilées, d'abord, à des hors-la-loi, puis à des combattants rebelles. Les bilans des tués parmi ces derniers, fournis par les services du renseignement étaient toujours importants.[réf. nécessaire]
La guerre d'Algérie est le principal épisode de censure et de contrôle de l'information de l'après guerre. Les gouvernements des 4e et 5e Républiques l'emploient non seulement pour des raisons de sécurité militaire, mais aussi pour préserver le moral et empêcher la constitution d'une opposition organisée à la guerre. Répression et intimidation sont également employées, avec arrestations des journalistes et accusation des rédactions d'être des traitres à la patrie. Les saisies de journaux sont courantes, certains titres comme France Observateur ou L'Humanité sont régulièrement retirés des ventes en France, en Algérie c'est L'ExpressLibération et l'Humanité qui sont complètement interdits. Les saisies ont un impact économique sur la presse vu qu'elles ont lieu après l'impression, ce qui multiplie les coûts de production. Le plus grand scandale dû à la censure au cours de cette période est lié au livre La Question qui raconte l'interdiction du journal Alger républicain en Algérie, l'arrestation de son directeur et sa torture par des militaires. Les articles qui traitent du livre sont saisis de même que le livre lui-même, ce qui constitue en France la première saisie d'un livre pour motifs politiques depuis le xviiie siècle selon son éditeur183. C'est lors de la guerre d'Algérie que Le Canard enchaîné devient le journal d'investigation que l'on connaît aujourd'hui, dévoilant dans une chronique intitulée Carnets de route de l'ami Bidasse le quotidien des soldats appelés du contingents, mais aussi des informations militaires confidentielles. L'armée française cherche activement les informateurs du Palmipède, classant les suspects en tant que « BE » (« bidasse éventuel »), ou « BP » (« bidasse probable »). Cette nouvelle orientation accompagnée d'une liberté de ton originale permet au Canard d'atteindre les 300 000 exemplaires diffusés en 1962184.

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