De Gaulle et la conduite des affaires algériennes (1958-1962)

Proposé sous la présidence de la République de René Coty et du gouvernement dirigé par Charles de Gaulle, le Référendum du 28 septembre 1958 demandait aux Français de ratifier le texte de la nouvelle Constitution qui posait les fondements de la Cinquième République. Confortée par plus des quatre cinquièmes des voix, la Constitution fut promulguée le 4 octobre 1958 et la Ve République proclamée le jour suivant. Dans les colonies françaises, le référendum vise également à la création de la Communauté française.
Concernant la signification du référendum en l'Algérie, le général de Gaulle déclare le 30 août 1958 :
« Par leur vote, les habitants de l’Algérie vont fournir une réponse à la question de leur propre destin. Les bulletins qu’ils mettront dans l’urne auront, sur un point capital, une claire signification. Pour chacun, répondre « oui » dans les circonstances présentes, cela voudra dire, tout au moins, que l’on veut se comporter comme un Français à part entière et que l’on croit que l’évolution nécessaire de l’Algérie doit s’accomplir dans le cadre français119 »
96 % des Algériens, Européens et musulmans, soit 75 % des 4 412 171 électeurs inscrits, disent « oui » à la nouvelle Constitution malgré les appels en faveur du boycottage lancé par le FLN. Il s'agit du premier scrutin auquel les femmes algériennes participent120,121. Après les résultats du référendum en Algérie, de Gaulle déclare le 3 octobre à Constantine :
« Trois millions et demi d'hommes et de femmes d'Algérie, sans distinction de communauté et dans l'égalité totale, sont venus des villages de toutes les régions et des quartiers de toutes les villes apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance. Ils l'ont fait tout simplement sans que quiconque les y contraigne et en dépit des menaces que des fanatiques font peser sur eux, sur leurs familles et sur leurs biens. Il y a là un fait aussi clair que l'éclatante lumière du ciel. Et ce fait est capital […] pour cette raison qu'il engage l'une envers l'autre et pour toujours l'Algérie et la France122. »
Il annonce également un vaste plan d'investissement en Algérie, le Plan de Constantine, laissant entendre un engagement durable de la France en Algérie. Cependant la toute nouvelle constitution prévoit dans son article 53 qu'une partie du territoire français puisse être cédée avec l'accord des populations concernées en vertu d'une simple loi123,124.
Le 16 septembre 1959, De Gaulle ouvre dans un discours la voie à l'autodétermination. Il annonce que l'ensemble des Algériens auront à se prononcer sur leur avenir. Trois options se dessinent125 :
  • ou bien la sécession conduisant de fait à l'indépendance.
  • ou bien la francisation conduisant, en raison de l'égalité des droits, à un unique État de Dunkerque à Tamanrasset.
  • ou bien un gouvernement autonome en Algérie, en association avec la France qui garderait ses prérogatives sur l'économie, l'enseignement, la défense et les affaires étrangères.
De Gaulle ne cache pas son hostilité aux deux premières solutions. Selon lui, la première risque de conduire à la misère et à une dictature communiste. En ce qui concerne la seconde, il avait expliqué à Alain Peyrefitte, en mars 1959 : « [...] Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas, vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très intelligents. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se séparent de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui demain seront 20 millions, et après demain 40 ? Si nous faisons l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! [...]126. »
La possibilité d'une sécession, ouverte par ce discours du 16 septembre et l'utilisation du suffrage universel, inquiète les partisans de l'Algérie Française.

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