Jour « J », 1er novembre : la « Toussaint rouge »

Plus de trente attentats ont lieu, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, en différents points du territoire algérien. Bilan : huit tués, dont pour moitié des civils, et des dégâts matériels. L'opinion s'émeut surtout de l'attaque du car Biskra-Arris, dans les Aurès, principal foyer de l'insurrection : deux passagers, le caïd Hadj Sadok, ancien lieutenant de l'armée française, et l'instituteur Guy Monnerot sont abattus. Une proclamation diffusée dans la presse revendique ces actions au nom d'un mystérieux groupe : le FLN, Front de libération nationale. Son but: l'indépendance d'un « État algérien souverain démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ». Et ce, « par tous les moyens »71. Personne, en France ou en Algérie, ne pense qu'une guerre vient de commencer.
Président du Conseil depuis le 18 juin 1954, Pierre Mendès France est surpris par la révolte algérienne. Il affirme aussitôt avec force que « l'on ne transige pas quand il s'agit de défendre la paix intérieure de la nation, l'unité et l'intégrité de la République » Son ministre de l'Intérieur, François Mitterrand, en visite en Algérie le 12 novembre 1954 réagit brutalement : « l’Algérie, c’est la France !, la négociation avec les rebelles c'est la guerre. » Des renforts sont acheminés, des milliers de nationalistes arrêtés. Mais 99 % d'entre eux n'ont aucun rapport avec le FLN. Car Mitterrand, à l'image de presque tous les responsables, se trompe : il croit que les attentats sont liés au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), le parti du vieux nationaliste Messali Hadj, et que leur tête pensante est au Caire, autour de Ben Bella[réf. nécessaire].
Pierre Mendès France propose aussi un plan de réformes en faveur des musulmans, ce qui occasionne sa chute, le 6 février 1955. Son tombeur est René Mayer, député de Constantine, représentant de la ligne dure des pieds noirs : foin des réformes, d'abord la répression70. Alors que la chambre vote la défiance, un Mendès France écarté du pouvoir a ces mots : « en Afrique du Nord... soit il y aura une politique de réconciliation... soit une politique de force et de répression - avec toutes ses horribles conséquences »72.

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