L'ALN malade de la « Bleuite » (1958)

La « Bleuite », appelée parfois le « complot bleu », est une opération d'infiltration et d'intoxication à grande échelle, montée par le SDECE (services secrets français) à partir de 1957. Cette opération consista à dresser des listes de prétendus collaborateurs algériens de l'armée française et à les faire parvenir jusqu’aux chefs de l’Armée de libération nationale (ALN), le bras armé du FLN, pour y susciter des purges internes.
Fin 1957, après la bataille d'Alger, le FLN de la capitale est exsangue, et ses chefs morts ou en prison. Le colonel Amirouche le chef ALN de la wilaya III en Kabylie, entre en contact avec le dernier survivant des militants FLN de la Zone autonome d'Alger, Ghandriche, dit Safy « le Pur ». Il le charge de reconstituer son réseau aux côtés de deux autres hommes, Rani Mohamed à Alger et Kamal dans le maquis. Mais Safy et Hani sont des « retournés », de l'équipe des « bleus de chauffe » manipulés par un officier parachutiste Paul-Alain Léger des services du Groupe de renseignements et d'exploitation une branche du SDECE auprès de l'état-major Alger-Sahel qui a joué un grand rôle dans le démantèlement de la Zone autonome d'Alger durant la bataille d'Alger113.
Cette opération d'intoxication entraînera d'importantes pertes humaines parmi les katibas des wilaya III et wilaya IV en particulier114, chef de la zone de la wilaya III. Ahcène Mahiouz, chef de la zone 1 de la wilaya III et adjoint du colonel Amirouche, s'étant fait ainsi intoxiquer fait torturer et liquider des centaines d'hommes et de femmes voyant des traîtres et des espions partout, notamment les jeunes intellectuels, étudiants, médecins qui avaient rejoint le maquis. Il réussit à convaincre le colonel Amirouche que la trahison règne partout et qu'il faut épurer massivement, ce dernier écrit aux chefs des autres wilayas, le 3 août 1958 pour les avertir115,116.
La « bleuite » fera plusieurs milliers de victimes. Des katibas de l’Armée de libération nationale (ALN) en sortent très affaiblies et hors d'état d'entreprendre des opérations pendant de longs mois. Quelques voix, telle celle de Mohand Oulhadj, futur chef de la wilaya III, essayèrent de faire entendre raison au colonel Amirouche[réf. nécessaire]. Les estimations des pertes sont de 3 000 personnes dans la wilaya III (Kabylie), 2 000 en wilaya I (Aurès), 1 500 en wilaya IV (Algérois) et 500 en wilaya V (Oranais)116. Une conséquence plus lointaine des purges menées dans les différentes wilayas sera la perte de ces jeunes intellectuels pour l'Algérie indépendante116.
Décimés et découragés, les maquis de l'ALN ne purent qu’attendre le coup de grâce. Il leur fut donné, lorsque le commandement français décida de déclencher les grandes opérations prévues par le plan Challe

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