Le conflit armé qui débute le 1er novembre 1954 est qualifié de « Glorieuse Révolution » dans les discours officiels de la Présidence algérienne290,291. Les agents du FLN se définissent comme des « résistants », alors que les autorités politiques françaises les qualifient de « rebelles ».
Parallèlement, en France, les manifestations d'hommage aux anti-indépendantistes, désignés dans la presse de l'époque comme des « activistes »292 mais qualifiés par l'ADIMAD (association proche de l'OAS) de « partisans patriotes de l’Algérie française », crée des controverses notamment en 2005 lors de l'affaire de la stèle de Marignaneet 2006 lors de l'affaire de la flamme du soldat inconnu.
En Algérie
Algérie a eu depuis l'indépendance une politique mémorielle très active, politique qui s'inscrit dans continuité de « la propagande du PPA-MTLD et du FLN, et orchestrée par l’État »281. Dès 1966; l'usage de la torture par l'Armée française contre le FLN et les communistes est dénoncé dans le film produit par Yacef Saâdi, membre du FLN (La Bataille d'Alger).
Selon Guy Pervillé, « l'histoire officielle algérienne, qui est en réalité une mémoire officielle, n'a pas cessé de conditionner l’opinion publique »281. Il estime qu'au-delà du crédit que les Algériens ont pu accorder à cette présentation officielle de l'histoire, « il faut néanmoins constater que la répétition d’une même propagande durant plusieurs générations finit par laisser des traces en effaçant la frontière entre le vrai et le faux »281. Mohammed Harbi souligne également le rapport « très problématique » du pays avec son histoire. Selon lui, dans peu de pays autant qu'en Algérie, « l'Histoire est instrumentalisée pour traiter des problèmes actuels. »293.
La modification du régime en 1989, l'instauration du multipartisme et de liberté de la presse, ne met pas un terme à l’existence d'une mémoire officielle, « qui rappelle ses principes fondamentaux dans son préambule et dans plusieurs de ses articles »294. Durant longtemps, les historiens algériens bénéficient d'une liberté très limitée chez eux et publient en dehors de l'Algérie ce qu'il ne leur est pas permis de publier dans leur propre pays294. La guerre civile algérienne ravive encore cette politique mémorielle avec la réutilisation par les deux camps d'un vocabulaire hérité de la guerre d'Algérie294.
Cette difficulté à sortir de l'histoire officielle se manifeste notamment lors de l’interdiction du film de Jean-Pierre Lledo, Algérie, histoires à ne pas dire (2007)295,296.
En France
En France, la mémoire de la guerre se caractérise longtemps par ce que Guy Pervillé décrit comme « une politique de l'oubli », l'incapacité devant un conflit qui avait profondément déchiré les Français entre eux « de reconstituer une mémoire nationale consensuelle »294. Pour cette raison, la guerre d’Algérie est demeurée durant des années une guerre sans nom et sans commémoration officielle294.
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