Surveillance maritime

La Marine française joua également dans les opérations d'arraisonnement des cargaisons suspectées de trafic d'armes à destination du FLN et dans les opérations terrestres, sur les côtes ou en bombardant à l'artillerie navale gros calibres les zones contrôlées par les combattants de l'Armée de libération nationale (ALN). Les ports d'Alger, d'Oran-Mers el Kébir , de Bône, de Bejaïa et de Skikda ont joué un rôle important dans une guerre qui se déroule sur tous les fronts.
Appelée « Surmar Algérie » dès sa création tout au début des hostilités, puis rapidement simplement « Surmar », la surveillance maritime du littoral algérien est une organisation calquée sur celle que la Marine nationale a mise en œuvre pendant la guerre d'Indochine. Les choses sont toutefois un peu différentes puisque le Việt Minhrecevait ses armes par la frontière de Chine, la voie maritime n'étant utilisée que pour des trafics complémentaires. De son côté, l'ALN est entièrement dépendante de l'étranger pour son approvisionnement en armes et en munitions. Avant l'indépendance du Maroc et de la Tunisie, la présence de troupes françaises dans ces deux pays rendait difficile l'établissement de bases relais où seraient stockées les armes avant de passer la frontière. L'ALN voit la situation s'améliorer en 1956, grâce à l'indépendance de la Tunisie et du Maroc, mais l'établissement des barrages aux frontière le ramène a une situation encore plus difficile que précédemment256.
L'Armée de libération nationale (ALN) ne peut se contenter d'aussi modeste livraisons. Il fait venir des cargaisons importantes par des bâtiments de fort tonnage naviguant sous divers pavillons. Ces navires ne peuvent utiliser les ports d'Algérie. trop étroitement surveillés par la marine, aussi leurs capitaines préfèrent-ils rejoindre les ports du Maroc et de la Tunisie en évitant de pénétrer dans les eaux territoriales algériennes. Il est alors nécessaire de les intercepter en haute mer, ce qui aurait d'ailleurs pu poser un problème lors de la capture de l'Athos.
Dès le 31 mai 1955, une « instruction provisoire sur la surveillance des frontières maritimes » est publiée. Elle est suivie d'un arrêté interdisant la navigation et la pêche dans certaines zones côtières propices à la contrebande. Le 17 mars 1956 enfin, un décret étend la zone de visite douanière à 50 km de la côte. Sont également définies les mesures pouvant être prises par les bâtiments ou les aéronefs de la « Surmar » à l'encontre d'un navire suspect. Elles sont au nombre de cinq256 :
  • 1. Observation du pavillon, du nom et du port d'attache figurants à l'arrière.
  • 2. Demande par porte-voix, ou plus fréquemment par signaux optiques, de la nationalité, de l'identité, de la provenance et de la destination du navire. En cas de refus, le bâtiment suspect peut faire l'objet d'une enquête de pavillon mais cette mesure n'est autorisée pour les navires étrangers que s'ils se trouvent dans les eaux territoriales.
  • 3. Enquête de pavillon dans laquelle une équipe est envoyée à bord du navire suspect pour examiner ses documents réglementaires (acte de nationalité, rôle d'équipage, liste des passagers, journaux de bord, manifeste de la cargaison...).
  • 4. Visite du navire et de sa cargaison à l'issue de l'enquête de pavillon.
  • 5. Poursuite en haute mer si le navire suspect tente de se dérober alors qu'il se trouvait dans les eaux territoriales algériennes au moment du contrôle.
Selon les règles du droit international, la poursuite ne doit pas être interrompue mais elle peut être menée par plusieurs bâtiments et aéronefs se relayant

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