Les Oulémas et le réformisme musulman
Association des oulémas musulmans algériens.
L’avènement du mouvement islahiste
Le mouvement islahiste, ou réformisme musulman, est né dans les années 1920 avec les actions menées par les Oulémas, personnalités religieuses28 dont la figure emblématique est cheikh Abdelhamid Ben Badis, natif de Constantine en 188960. Formés dans les universités islamiques, notamment la Zitouna de Tunis et al-Azhar du Caire et influencés par le courant de la Nahda(renaissance islamique)28, ces réformistes ne réclament pas l’indépendance mais sont des culturalistes, fermes défenseurs de la « personnalité algérienne »28. Selon Ben Badis, la nationalité politique peut rester française si la nationalité ethnique est reconnue musulmane61 ; il écrit dans l’un de ses articles : « La nation algérienne musulmane s’est formée et existe, comme se sont formées toutes les nations de la terre… Elle a son unité religieuse et linguistique ; elle a sa culture, ses traditions et ses caractéristiques »62.
Les réformistes œuvrent pour le retour aux sources de l’islam, la purification des scories maraboutiques60, le combat contre le culte des saints et le mysticisme soufi63, l’arabisation linguistique et la promulgation d’un statut personnel qui s’inspire de l’islam pour les Algériens28. À l’origine, les Oulémas se déclarent apolitiques et voulant avant tout être une « association spirituelle destinée à relever le peuple musulman algérien de sa déchéance intellectuelle et morale »64, mais les abus de l’administration coloniale sur l’enseignement de la langue arabe, la tutelle exercée sur le personnel du culte musulman, le soutien accordé au maraboutisme amènent ces derniers à s’engager davantage dans le domaine politique pour dénoncer la politique coloniale64.
En 1913, Ben Badis ouvre la première médersa dans la mosquée de Sidi Lakhder à Constantine pour enseigner le Coran, l’histoire et les littératures arabes. La formation des enseignants est répartie dans le pays60. En 1919, il crée la première imprimerie en arabe et entame une carrière de journaliste. Il anime successivement quatre journaux favorables à la pensée réformiste de la religion et de la société60. Son premier journal est interdit en 1925 pour ses articles favorables à Abdelkrim al-Khattabi lors de la guerre du Rif21. L’administration coloniale s'inquiète du mouvement, car elle est habituée de traiter avec l’islam maraboutique et craint un enseignement libre en dehors de médersas officielles et des principales mosquées où l’enseignement est encadré par des professeurs recrutés par les autorités62. En 1933, elle interdit aux Oulémas de prêcher dans les mosquées qui doivent rester aux mains des muftis et des imams agréés par l’administration65.
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