À la recherche d’une formule d’union

À la recherche d’une formule d’union

Le Congrès musulman naît en 1936 par l’union de plusieurs formations, sur le modèle du Front populaire et du Congrès indien. Il rassemble pour la première fois plusieurs partis politiques musulmans algériens : la fédération des élus, le Parti communiste algérien et, d’une façon plus réservée, les Oulémas, sensibles à certains points de la charte revendicative qu'établit le Congrès, dont la suppression du statut de l'indigénat, le maintien du statut personnel et l’égalité et la liberté d’enseignement. Le document final réclame également la suppression des tribunaux militaires, la reconnaissance de la langue arabe comme langue officielle et l’abrogation du décret Régnier du réprimant les manifestations contre la souveraineté française.
Première tentative de rassemblement de type frontiste, le Congrès musulman est cependant ignoré par les messalistes dont le leader, Messali Hadj, est porté en triomphe par la foule lors d’un discours prononcé devant les responsables du Congrès à Alger, où il déclare : cette terre est à nous, nous ne la vendrons à personne. Une délégation dirigée par le docteur Bendjelloul et Albelhamid Ben Badis présente au gouvernement français une charte revendicative, cependant aucune des revendications n’a abouti et les dissensions sont importantes entre les élus favorables à l'assimilation et les Oulémas surtout occupés par la religion.
En réponse, le gouvernement français annonce le projet Blum-Viollette qui prévoit l’accession à la citoyenneté française, sans renonciation au statut personnel de droit local, d’une élite d’environ 20 000 musulmans. Les élus soutiennent le projet, les communistes et les socialistes algériens insistent sur l’importance du projet gouvernemental alors que les Oulémas adoptent une attitude plus complexe et plus nuancée. Pour Bachir El Ibrahimi : La population musulmane n’avait adopté le projet que par nécessité politique […] Il ne s’agissait que d’une question tactique, une question d’attente. Le projet est clairement rejeté par les militants du l'ENA et par le PPA qui lui succède en 1937. Ce dernier poursuit par la suite sa propagande contre le projet. Le mouvement exprime sa volonté de défendre et de renforcer la cohésion du groupe national atomisé par la présence coloniale. Dans une « lettre ouverte aux Oulémas », il le décrit comme : Un projet de loi [qui] menace l’unité du peuple algérien. Il prône aussi le refus de l’assimilation par la revendication d’une culture distincte héritée d’un long passé. Par leur refus du projet, les nationalistes connaissent une progression foudroyante sur le sol algérien. Ainsi, les propositions des chefs de file du Congrès musulman, apparaissent déjà comme historiquement dépassés, et le projet Blum-Viollette est plus un barrage aux aspirations montantes du nationalisme indépendantiste qu’une réelle solution au problème algérien

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