Amis du manifeste et de la liberté.

Amis du manifeste et de la liberté.
La Seconde Guerre mondiale voit naître la première et réelle union du mouvement national, accompagnée d'une poussée très forte du nationalisme. Le , Ferhat Abbas propose le Manifeste du peuple algérien, approuvé par le Parti du peuple algérien et les Oulémas, dans une formule politique qui intègre tant l’indépendantisme du PPA que les revendications des Oulémas : une république algérienne disposant de sa nationalité et sa citoyenneté propres. Y est aussi intégrée la condamnation de la colonisation, le droit du peuple à disposer de lui-même, l'établissement d'une constitution algérienne et l'officialisation de la langue arabe. De Gaulle et le CFLN repoussent cette formule et proposent l'octroi de la citoyenneté française sans l’abandon de leur statut personnel à 65 000 musulmans.
Le rejet français du Manifeste provoque en 1944 l'union des élus, des oulémas et du PPA au sein d’une association créée à cette occasion pour défendre le programme du Manifeste : les Amis du manifeste et de la liberté (AML), qui remportent rapidement un succès important et attirent des centaines de milliers d’adhérents. Le PPA y joue un rôle moteur en diffusant les idées nationalistes. Le discours des acteurs de ce mouvement connait un véritable succès : la réception des écrits publiés dans la presse et les slogans émis dépassant vite les cercles habituels et les Algériens ruraux adhèrent massivement aux idées nationalistes. Toutefois, les nationalistes sont toujours isolés sur la scène internationale, et l’unité des AML n'est que de façade, Messali Hadj ayant rompu avec l'idée du maintien de liens avec la France encore défendue par les élus modérés.
En avril 1945, les autorités françaises arrêtent Messali et plusieurs chefs du PPA. Les manifestations nationalistes sont réprimées à Oran et à Alger le , puis les émeutes du 8 mais 1945 à Sétif et à Guelma dégénèrent en massacres. La répression des manifestations du par l’administration coloniale, radicalise tout le mouvement national sur les positions indépendantistes. Les nationalistes considèrent dès lors que la violence politique est la seule solution pour arracher l’indépendance. En 1946, les communistes, qui sont restés longtemps en dehors de l’union des AML, réclament à leur tour une république algérienne dans le cadre de l'Union française.
Par ailleurs, les difficultés socioéconomiques, la rigueur des opérations armées dans la région du Nord Constantinois et les cérémonies du pardon (aman) engendrent des profonds traumatismes inscrits dans la mémoire collective. Le statut de l’Algérie voté en 1947 jugé trop timoré et le trucage des élections de l’assemblée en 1948 généralisent les mécontentements. En 1951, le MLTD, l'UDMA, les oulémas, le PCA et les libéraux européens se regroupent en un Front algérien pour la défense et le respect des libertés (FADRL), un mouvement qui connaît une existence éphémère.

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