La mise en place de la torture comme arme systématique
Dès 1949, le
gouverneur général Naegelen
rédige une circulaire interdisant l'usage de la torture et des sévices
par les services de police, mais ne parvient pas à se faire obéir. Jusqu'en 1955, l'
armée est indemne de ces accusations
20.
Utilisée en Indochine,
la torture devient progressivement une arme de guerre à part entière,
théorisée et légitimée dans le cadre d'une doctrine de la «
guerre contre-révolutionnaire », en particulier par le
colonel Trinquier, le capitaine
Paul-Alain Léger, le colonel
Marcel Bigeard et le général
Jacques Massu en tant que moyen de poursuivre une
guerre asymétrique, où l'adversaire se dérobe aux catégories classiques du
droit de la guerre (
combattant,
civil), se dissimulant dans la
population. Celui-ci est assimilé à un «
terroriste », « cas » encore plus « grave » que celui du «
franc-tireur » ou du «
guérillero », « ne prend aucun risque » et est donc exclu de la protection des lois de la guerre (Trinquier,
La guerre moderne), notamment des
Conventions de Genève signées par la France. Selon l'historien
J.-Ch. Jauffret :
« Le dérapage commence à partir du moment où les Ponce Pilate de la
IVe
République, toujours parfaitement informés de tout ce qui se fait en
Algérie, laissent aux militaires l’initiative, en vertu de la
loi d’urgence de 1955 et de celle des pouvoirs spéciaux de 1956. »
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