Massacres du Constantinois (20-26 août 1955)

Massacres du Constantinois (20-26 août 1955)

Du 20 au , la guerre change radicalement de visage avec les évènements sanglants qui secouent le Nord du département de Constantine et plus particulièrement la ville de Philippeville où surviennent de terribles massacres de civils.

Les massacres ont éclaté à l'initiative de Youcef Zighoud, responsable du Nord-Constantinois du FLN dans le but de relancer un mouvement qui s'essouffle et de contrecarrer les avances faites par Jacques Soustelle, délégué général du gouvernement français en Algérie, en creusant un infranchissable fossé de sang entre les Algériens et les Français par des massacres aveugles74.

Dans la zone Collo-Philippeville-Constantine-Guelma, moins de 300 combattants de l’ALN s’attaquent sans grand succès à des gendarmeries et des postes de police. Ils encadrent plusieurs milliers de paysans mal armés mobilisés de gré ou de force qui se lancent à l’assaut d’une trentaine de villes et villages et assassinent à coup de haches et de pioches Européens ou indigènes favorables à la France. 117 Européens sont tués ainsi qu'une centaine de musulmans francophiles et 47 membres des forces de police. La presse est indignée par les exactions d'El Halia où 39 Européens ont été égorgés dont dix enfants et trois bébés de moins de deux ans73.

La réponse des autorités françaises est démesurée et touche des innocents73. L'aviation bombarde les douars des environs, plus particulièrement le hameau du Béni Malek. Des civils armés font eux-mêmes acte de vengeance dans une répression aveugle. Le nombre de victimes atteint plusieurs milliers : entre trois et sept mille cinq cents morts75,76,77.

L'indignation suscitée par ces massacres de civils a attiré l'attention de l'opinion internationale sur le combat algérien pour l'indépendance réalisant l'un des buts poursuivis par le FLN, qui voulait par ailleurs semer la peur dans les rangs de l'ennemi, des colons et de leurs auxiliaires musulmans78 et réduit à néant tout espoir de paix79.

Pour beaucoup d'historiens, ce sont les massacres d' et non pas de ceux de Sétif () qui marquent le vrai passage de l'insurrection vers la guerre à outrance comme unique moyen de parvenir à se faire écouter des autorités coloniales françaises.

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