Wilayas et Congrès de la Soummam (août 1956)

Wilayas et Congrès de la Soummam (août 1956)

Découpage politico-militaire de l'ALN sur tout le territoire algérien, élaboré par les chefs du FLN lors du congrès de la Soummam en 1956. À la date du , comprenant les six wilayas (ou provinces) du FLN-ALN. Les combattants algériens étaient regroupés essentiellement dans les régions montagneuses du pays.

Abane Ramdane (1920-1957), militant nationaliste, surnommé « l'architecte de la révolution »94 Assassiné par la « bande à Boussouf » en 1957, il laisse derrière lui une vision authentique nationale d'une Algérie jacobine ayant su regrouper et unir au sein du FLN l’ensemble des courants politiques pour lutter contre la domination française

Dès le mois de , le dirigeant du FLN Ramdane Abane conduit des rencontres avec ceux qui désirent participer à la guerre pour l'indépendance. Un accord entre le Parti communiste algérien (PCA) et le FLN est négocié par Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjerès. Il n'admet l'adhésion de communistes au FLN qu'à titre individuel et non en tant que groupe95. La collaboration entre le PCA et le FLN est néanmoins loin d'être sans heurts. Différents combats ont opposé les rebelles communistes et ceux du FLN sur le terrain96 ». Le PCA sera progressivement marginalisé par le FLN durant la guerre.

Les leaders FLN d'Alger et surtout parmi eux, Abane Ramdane, ont pensé, très tôt, à réunir une vaste assemblée de cadres qui permettrait au FLN d'affirmer sa cohésion, de préciser sa doctrine et de définir concrètement ses structures organisationnelles. À la fin du mois de , Saad Dahlab a rencontré en grand secret, dans le Constantinois, le chef de la zone 2, Zighout Youssef, et son adjoint Lakhdar Bentobal et il leur a soumis cette idée, qui a été favorablement accueillie. Larbi Ben M'hidi, en mission au Caire à la même époque, a fait part du projet à la « délégation extérieure du FLN », qui a accepté le principe d'un grand rassemblement clandestin de responsables FLN sur le sol algérien, et qui a même remis à l'envoyé spécial d'Alger en prévision de cette réunion, un texte politique dit « rapport Khider ». Ce n'est cependant qu'à la fin du printemps de 1956 que la préparation du congrès de la Soummam entre dans une phase active. Abane Ramdane et Krim Belkacem envoient des messages à tous les chefs de zone pour leur demander d'envoyer des délégués à une « rencontre préliminaire » dans une forêt de la région montagneuse des Bibans, aux confins de la Kabylie. La discussion sur le « projet de plate-forme politique » permet à Abane d'insister fortement sur les principes fondamentaux qui inspirent son programme97.

  • Le premier - primauté du politique sur le militaire - est d'autant plus facilement accepté par les « patrons » des zones que ceux-ci sont des chefs à la fois politiques et militaires, des militants du FLN et des combattants de l'ALN, et que, de ce fait, la directive « le parti commande aux fusils » leur convient bien.
  • Le second principe - primauté de l'intérieur sur l'extérieur - fait lui aussi l'unanimité, car tous les chefs de maquis présents se plaignent de ne pas avoir reçu les armes et les fonds qui devaient être acheminés depuis l'Égypte et ils applaudissent au réquisitoire de Ben Tobbal contre l'insuffisance de l'aide apportée par l'équipe du Caire. Abane Ramdane, dans ces conditions, ne rencontre aucune objection lorsqu'il propose de réduire pratiquement le rôle de la délégation extérieure à celui d'une sorte d'ambassade représentant le FLN à l'étranger. Le nouveau pouvoir dirigeant sera celui que créera la résistance algérienne sur le sol national. Lui seul sera habilité à traiter avec la France97.

Principal organisateur du congrès de la Soummam, Ramdane trace ainsi les grandes lignes du mouvement révolutionnaire consistant à créer un État dans lequel l'élément politique l'emporte sur l'élément militaire97.

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